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J'ai tenu ma promesse mon frère mais j'arrête !

Dernière mise à jour : 27 mars 2021


Bonjour à tous et toute(s),


Je souhaiterais, aujourd’hui vous parler d’un sujet peu abordé sur internet. Je n’ai effectivement trouvé que très peu d’articles à ce sujet. Pourtant, je pense que beaucoup de monde l’a déjà fait : la promesse faite à un défunt.


Pour cela je vais tenter de vous raconter ma promesse oubliée, refoulée mais qui a surgit un jour comme un coup de poing. Cette promesse que j’ai tenue mais dont je dois me défaire pour avancer sur mon propre chemin.


La perte d’un être cher


laisse cette feuille s'envoler pour te libérer

Vous avez probablement eu à subir la perte d’un être cher dans votre vie, que ce soit vos grands-parents, vos parents, un(e ) ami(e), un frère, une sœur, un enfant…. Toute perte est très douloureuse mais je pense que certaines sont « dans l’ordre des choses » (ce qui ne rend pas le deuil plus simple mais peut être plus facile à réaliser). Je ne me base que sur mon expérience personnelle. Je ne suis ni psy, ni médecin.


Toujours est-il qu’il y a moins de 20 ans mon petit frère, alors âgé de 18 ans, a eu un accident de moto qui lui a été fatal. Ce petit frère était toute ma vie et nous partagions beaucoup de choses ensemble. Je définirais ce petit frère comme « mon âme sœur ».

Peut-être qu’un jour j’expierai cette période dans un article mais ce n’est pas le sujet du jour et je m’estime aujourd’hui chanceuse de pouvoir compter sur ma famille, mes parents et ma sœur.


Quelle fut ma promesse ?

Ce qu’il faut d’abord comprendre c’est que la douleur que l’on ressent à ce moment là est indescriptible et le corps humain trouve des subterfuges pour survivre. Je ne fais pas exception et j’ai effectivement trouvé un moyen de survivre. Le hic est que j’ai longtemps occulté ce passage, ce moyen que mon cerveau a mis en place pour bloquer cette douleur invivable.


Il y a quelques temps, lors de mon hospitalisation, une aromathérapeute m’a replongé dans le souvenir de cette époque.


Cette séance a particulièrement bien fonctionné et je me suis souvenue qu’un jour, je suis allée sur la tombe de mon frère et je lui ai promis d’être heureuse et de vivre pour nous deux. Cette promesse je ne m’en souvenais absolument plus jusqu’à ce que l’aromathérapeute la fasse ressurgir.



Beaucoup d’entre nous se recueillent sur la tombe de quelqu’un et il peut arriver que nous fassions des promesses qui, sans nous en rendre compte, impacterons le reste de notre vie. Ces promesses ont un impact psychique très puissant car nous ne pouvons pas revenir dessus : la promesse a été faite à quelqu’un qui n’est plus là et ne pas la tenir signifie finalement et inconsciemment tuer la personne une deuxième fois.

Ceux qui ont fait cette promesse me comprendront.


Cette promesse a changé ma vie jusqu’à ….

A l’époque j’avais environ 20 ans. Je sortais, j’allais en boîte de nuit, je passais beaucoup de temps avec mes ami(e)s …. Bref les études étaient secondaires. A partir du moment où j’ai fait cette promesse je me suis mise à sortir moins, à éliminer les ami(e )s autour de moi. J’allais à la bibliothèque pour étudier jusqu’à 22 heures.

Je ne me suis pas rendue compte du changement sur le coup. Il s’est insinué petit à petit mais depuis cette fameuse séance d’aromathérapie j’ai beaucoup réfléchi à ce changement : du « je m’enfouisme » je suis devenue « carriériste », « perfectionniste »… je ne devais pas commettre d’erreur, avoir toujours le sourire, être parfaite , que tout autour de moi soit parfait, être active, productive,… petit à petit ce chemin vers ma promesse à conduit à ce qu’on appelle une dépersonnalisation.



….. la dépersonnalisation.

Qu’est-ce que la dépersonnalisation ? C’est le sentiment de ne plus exister en tant qu’être humain, d’être perdue dans soi-même, de ne plus rien ressentir à part les émotions très très fortes. C’est un sentiment étrange comme si on était un robot sans émotion, sans but, sans avis. Une coquille vide. C’est compliqué à décrire mais je pense que cela fera écho à quelques un(e )s. En réalité la dépersonnalisation a été pour moi une manière de survivre, un reflexe de défense que mon mental a mis en place parce que la situation était trop dure à vivre pour moi.


Ce diagnostique a été posé suite à une séance de thérapie.

Toujours lors de mon hospitalisation, une professionnelle m’a parlé des miroirs. Oui,oui , juste une miroir ! Celui devant lequel vous vous présentez chaque matin.



Pourquoi? Parce que me regarder dans un miroir me mettait mal à l'aise et elle a voulu en comprendre la raison.

Après m’avoir fait une séance de relaxation elle m’a demandé de me mettre devant cette glace, de mettre mes mains devant mon visage (une main qui couvre le bas du visage et une autre le haut).

Je devais ensuite lever la main du haut et la remettre. Je voyais donc le haut de mon visage par à coup.


Au début de la séance, j’ai souri, je trouvais cela gênant !

A un moment, je me suis rendue compte que je ne voyais pas mon visage mais… celui de mon frère. L’effet a été immédiat : je me suis effondrée littéralement. Un uppercut m’avait frappé. le diagnostique a pu être posé: la dépersonnalisation.

C’est terrible de se rendre compte que, toutes ses années j’ai vécu pour faire vivre mon petit frère.


Et après ?

Si je vous écris cet article c’est pour tenter d’aider certaines personnes à comprendre que l’on ne peut pas vivre pour quelqu’un qui n’existe plus mais que les promesses que nous leur faisons peuvent réellement avoir un impact considérable sur nos vies car nous les avons intégrées comme une « obligation » d’être heureuse, de vivre pour deux. Or vous êtes vous ! Vous n’êtes pas lui ou elle.

Tenter de tenir cette promesse ne vous aidera pas à vivre mieux, bien au contraire, elle peut causer « votre perte », elle peut être en partie responsable de votre mal être sans même que vous en ayez conscience. Alors si vous avez un jour fait une telle promesse, il est aujourd’hui temps de l’annuler et vous n’en aimerez pas moins votre « être cher ». Bien au contraire !


Comment accepter de ne pas accomplir sa promesse ?

C’est très long et très compliqué pour la simple et bonne raison que la personne à qui vous avez fait la promesse n’est plus là pour que vous puissiez lui en parler.

Pour ma part j’ai écrit une lettre à mon frère en lui expliquant que je n’avais pas pu tenir ma promesse. Je lui ai raconté que, pendant 20 ans, j’ai affronté la vie avec le plus de « sourires » possibles et j’ai tenu debout coute que coute ! Je lui ai ensuite expliqué que je m’étais finalement écroulée et que je ne pourrais plus « faire semblant de sourire », que c’était trop dur. Oui, je lui ai demandé de me pardonner de ne pas tenir mes engagements. Et surtout je lui ai dit que je l’aimais et que je l’aimerai toute ma vie.

J’ai relu cette lettre et je me suis mise une dernière fois à la place de mon frère : jamais il ne m’aurait demandé un truc pareil ! Il était bienveillant et jamais de sa vie il ne m’aurait mis la pression à ce point. Cette pression j’ai finit par comprendre que je me la mettais toute seule.


Aujourd’hui il n’y a plus cet engagement entre nous et c’est un soulagement et j’ai pris conscience que mon « travail de deuil » n’était pas fait et que, pour le moment je n’avais pas la force de le faire. Alors ce sera plus tard, quand je serai prête.

Je n’ai pas de colère, pas de regret mais un énorme vide qui devra être géré par un professionnel.


J’espère avoir pu vous aider et, pour conclure, cet article avait principalement pour but de vous alerter sur le fait que le deuil est parfois long et difficile mais que nous n’avons aucune obligation à nous mettre vis-à-vis d’une personne décédée. C’est une hérésie, un leurre, un instinct de survie qui conduit à faire plus de mal que de bien. Alors n’ayez pas de remords : annuler votre promesse ne tuera pas votre défunt une deuxième fois. Vous le ferez exister en parlant de lui, en n’en faisant pas un sujet tabou et vous avez le droit d’avoir mal, de pleurer, de ressentir le manque de la personne aimée. Laissez vous le droit d’avoir mal et d’exprimer ce mal qui vous ronge. Ce n’est pas une honte. Ce n’est pas un signe de faiblesse : c’est une force.


j'espère avoir pu vous aider un peu et que cet article vous aura plu.

je vous dis à bientôt.

prenez soin de vous et des vôtres 😘

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